C’est à 4 heures du matin et dans un froid piquant que Damien Seguin et Laurent Bourguès ont rejoint Groupe APICIL.

Un départ tant attendu
Le passage des sas du Havre a contraint le duo et l’ensemble de l’équipe technique à un réveil très matinal. Pourtant, tous avaient le sourire et la blague facile. « Ce n’est pas je vais revoir ma Normandie, mais je vais quitter ma Normandie ! » rigolait Damien sur le ponton. Il faut dire qu’après plusieurs jours d’attente à terre, le temps de laisser s’évacuer plusieurs grosses dépressions, tous les marins engagés sur cette Transat Jacques Vabre Normandie – Le Havre ont envie d’en découdre ! Pour la première fois dans l’histoire de la classe IMOCA, 40 monocoques se sont élancés à 9h30 vers Fort-de-France en Martinique, laissant place à un départ majestueux donné dans un vent de 25 nœuds.
Cap vers la Martinique
Les bateaux lancés à pleine vitesse, la plupart sous J3 et un ris dans la grand-voile, ont fait parler la poudre dès les premières minutes de course devant le Cap de la Hève donnant ainsi le ton de l’intensité qui attend les duos pour la douzaine de jours de course à venir. Pour Damien et Laurent, les enjeux sont multiples sur ce parcours de 3 765 milles qui va mener la flotte aux Antilles via les Açores. « Notre objectif est d’éprouver le bateau, il est récent sur sa nouvelle configuration avec les grands foils, nous n’avons pas eu beaucoup de temps de navigation depuis sa mise à l’eau. On va l’éprouver sur l’Atlantique avec une double transat : un aller puis un retour. Et il s’agit aussi de se faire plaisir avant tout. J’ai envie d’évacuer la déception de la Route du Rhum où j’avais dû abandonner avec un mât cassé. C’est important de laisser ça derrière moi et de continuer sur du positif. Il y a plein d’enjeux sur cette transat. Quand on navigue sur ces bateaux, on apprend toujours beaucoup de choses, j’ai sorti mon petit calepin ! » résumait Damien le regard pétillant avant de larguer les amarres.

Route nord ou route sud ?
Pour le duo de Groupe APICIL comme pour ses 39 adversaires, le début de course va être important. La première étape consistera à longer les côtes nord de La Bretagne, sortir de la Manche dans des conditions de vent soutenu et quitter son trafic qui oblige à une navigation sous haute tension. Un front dépressionnaire va aussi cueillir la flotte dès demain matin avec 35 nœuds de vent attendus et jusque 40 nœuds dans les rafales. Il faudra bien positionner le curseur pour ne pas prendre trop de risques pour le bateau tout en jouant déjà le placement pour la traversée du Golfe de Gascogne et la descente pour passer dans le sud des Açores (l’île de Santa Maria est à laisser à tribord, ndlr). Route nord ou route sud ? Les fichiers météo proposent pour l’instant deux schémas radicalement différents avec un avantage pour l’heure à la route sud, plus proche de la route directe. « Il y a plusieurs options. Les 24-36 premières heures vont être intéressantes pour faire les grands choix météo pour la suite. C’est tout l’enjeu d’être bien dans ses bottes sur cette période-là pour faire les bons choix », commentait Damien. La journée s’annonce longue pour le duo de Groupe APICIL qui va alterner manœuvres, réglages et travail à la table à cartes. Le premier IMOCA pourrait rallier La Martinique aux alentours du 19 novembre.
« Nous allons avoir du vent pendant un peu plus de 24 heures, jusqu’au passage du front et de la pointe Bretagne. On va enfin mettre l’étrave à l’ouest. J’ai hâte de partir. Ces derniers jours, il a fallu attendre que les dépressions s’évacuent mais là, nous avons de bonnes conditions pour partir, nous allons en profiter à fond. Ça fait des jours que l’on attend ça ! Larguer les amarres et mettre cap à l’ouest. Nous sommes à fond. Les départs, c’est toujours un peu spécial mais ça fait partie de notre sport. Ce ne sont pas des adieux, juste des au revoir. Nous avons la chance de faire un super sport donc nous en profitons à fond. Il y a un peu de vent mais rien d’exceptionnel. Ce sont des conditions ventées, cela va faire un très joli départ avec 40 bateaux. Cela devrait être beau. Les 24 premières heures vont consister à tricoter le long des côtes bretonnes pour sortir de la Manche. Nous allons être cueillis demain matin par le passage d’un front sur la pointe bretagne. Cela va nous permettre de traverser le Golfe de Gascogne assez rapidement. C’est un départ de transat classique. Le changement de parcours modifie beaucoup la physionomie de la course. Ça ouvre vraiment le jeu de ne pas avoir les îles en face du Brésil à passer, mais d’avoir juste les Açores. Il y a plusieurs options. Les 24-36 premières heures vont être intéressantes pour faire les grands choix météo pour la suite. C’est tout l’enjeu d’être bien dans ses bottes sur cette période-là pour faire les bons choix. Notre objectif est d’éprouver le bateau, il est récent sur sa nouvelle configuration avec les grands foils, nous n’avons pas eu beaucoup de temps de navigation depuis sa mise à l’eau. On va l’éprouver sur l’Atlantique avec une double transat : un aller puis un retour. Et il s’agit aussi de se faire plaisir avant tout. J’ai envie d’évacuer la déception de la Route du Rhum où j’avais dû abandonner avec un mât cassé. C’est important de laisser ça derrière moi et de continuer sur du positif. Il y a plein d’enjeux sur cette transat. Quand on navigue sur ces bateaux, on apprend toujours beaucoup de choses, j’ai sorti mon petit calepin ! »
Damien Seguin skipper Imoca Groupe APICIL