Les températures baissent, le vent devient portant, le flux se renforce et les bateaux accélèrent. Pas de doute, les solitaires du Vendée Globe arrivent dans le sud, la partie probablement la plus difficile de ce tour du monde, la plus hostile c’est certain. Celle aussi qui les marquera à tout jamais et qui gravera une bonne partie des souvenirs. Ils sont nombreux sur ce Vendée Globe 2020 à ne jamais s’y être aventuré.
C’est le cas de Damien qui découvre ces navigations et les paysages associés. Mais visiblement, le skipper de Groupe APICIL s’en accommode plutôt bien. Désormais poussé par les dépressions (à l’inverse de l’hémisphère nord), il imprime un bon rythme avec son bateau à dérives et continue de tenir tête aux bateaux à foils. Il a profité du flux soutenu de nord-ouest cette nuit pour avancer à vive allure et afficher de très belles moyennes. Une nuit de glisse qui lui a permis de remettre Giancarlo Pedote dans son tableau arrière. Groupe APICIL est désormais 10e !
Et si le leader Charlie Dalin s’envole en tête de flotte, les heures qui viennent s’annoncent palpitantes pour les poursuivants. Un regroupement va s’effectuer à l’approche du Cap de Bonne Espérance et permettra probablement de resserrer un peu l’élastique. Mais il va falloir aussi rester concentré avec le passage d’un front qui pourra secouer les hommes comme les bateaux. L’une des plus grandes satisfactions de Damien en ce 20e jour de course est de se présenter à l’Océan Indien avec un monocoque à 100% de son potentiel. Forcément, c’est bon pour le moral. Certains ont malheureusement entamé leur capital à l’image de Thomas Ruyant (2è) qui a dû couper l’un de ses foils abîmé hier et d’Alex Thomson qui faisait face à une avarie hier alors qu’il naviguait non loin de Damien. Le Gallois a fait état d’une casse de son safran tribord. Le Vendée Globe est une course particulièrement exigeante et c’est aussi la raison pour laquelle Damien mesure sa chance au quotidien et prend un plaisir fou à naviguer autour du monde !
Damien à la vacation :
« Mon bras n’est plus un problème : il n’y a plus de souci car je me suis bien soigné et j’ai suivi à la lettre les prescriptions du médecin ! J’ai tout nettoyé hier matin : j’ai enlevé le pansement et je l’ai changé. Je fais tout de même attention dans les manœuvres. Là, on est entré dans le vif du sujet cette nuit avec une belle dépression dans les fesses : ça fait du bien d’avancer, mais c’est un peu la signature des mers du Sud. Même si on s’est préparé à ça, cela fait un gros changement de rythme par rapport à ces derniers jours. On tient de bonnes moyennes.
J’ai appris pour Alex Thomson hier soir : je ne sais pas à quoi c’est dû, mais c’est toujours regrettable de voir un copain qui accumule les problèmes… Personnellement, je n’ai pas de souci technique particulier : j’ai fait un check-up complet ces derniers jours. J’apprends plein de choses sur mon bateau et je ne me sens pas mal à l’aise.
Maintenant, il va falloir déborder le cap de Bonne-Espérance et se concentrer sur le passage du front. Il faut préserver le matériel mais pour l’instant, la grosse différence avec l’hémisphère Nord, c’est qu’on est rattrapé par les phénomènes météo a contrario de « chez nous ». C’est un peu nouveau pour moi d’avoir une dépression dans les fesses… »