Damien : « On plante des pieux au près »

Après un pit-stop éclair à Lorient (à peine 14 heures) pour remplacer la bôme cassée de l’IMOCA Groupe APICIL, Damien Seguin et Laurent Bourguès ont repris la route de La Martinique depuis jeudi dernier.

Si cet arrêt au stand a bien évidement impacté le moral du duo, il n’a en rien entravé leur motivation et leur envie de compétition. Un état d’esprit qui leur a été nécessaire puisque les deux hommes ont rapidement été confrontés à des conditions météo toniques dès les premières heures de leur retour en course.

Depuis, les deux skippers de Groupe APICIL – actuellement classés 27e – ont fait le choix d’une route nord et progressent au près dans le sud-ouest des Açores. Ces conditions de navigation assez inconfortables vont durer encore un jour et demi environ. Le duo retrouvera ensuite des vents plus favorables et glissera enfin à son tour comme les adversaires ayant fait le choix d’une route sud.

« Nous allons encore faire du près pendant au moins encore 36 heures avant de passer un front d’une grosse dépression et enfin pouvoir ouvrir les voiles pour aller plus rapidement vers la Martinique. On s’habitue à faire du près même si ce n’est pas l’allure la plus confortable à bord. Le bateau va bien. Nous prenons soin de lui. Quant à nous, nous avons réussi à nous reposer un peu car cela fait quand même presque une semaine que nous sommes en course. Nous avons dû gérer pas mal de choses côté mental, ce n’était pas simple. Maintenant, nous sommes bien. » raconte Damien dans un message envoyé à son équipe à terre.

L’espoir de l’option nord

A bord l’ambiance est au beau fixe. Et c’est véritablement une course dans la course qui se joue désormais pour Groupe APCIL. Car si Damien et Laurent savent qu’ils ne peuvent plus postuler aux avant-postes, tous deux ont en tête de grapiller des places et de revenir sur un maximum de leurs concurrents. Un exercice pas très évident avec cette scission de la flotte IMOCA opérée il y quelques jours.

Il y a donc d’un côté les partisans du Nord et de la route directe comme Groupe APICIL et ceux qui ont opté pour le Sud en passant par les Canaries. Un choix contraint pour Damien et Laurent : « nous n’avons pas réussi à passer dans l’option sud pour plusieurs raisons. D’une le chemin était beaucoup plus long et de deux, même si nous avions voulu y aller, je pense que l’anticyclone ne nous aurait pas laissé passer. » explique le skipper. 

Alors quand d’autres à l’image de certains favoris de l’épreuve cavalent sous spi en short et T-shirt, le duo de Groupe APICIL ronge son frein dans un cockpit fermé par des bâches pour se protéger de l’humidité. Reste à savoir quelle option finira par payer. Du côté des leaders de la flotte, les 60’ situés au nord semblent tirer leur épingle du jeu. Difficile à date de dire s’il en sera de même pour les poursuivants. Groupe APICIL progresse à plus de 500 milles du tableau arrière de Teamwork.net (Justine Mettraux / Julien Villion) leaders du groupe du nord et actuellement 3e de la flotte. À bord du monocoque rouge et blanc, on veut y croire car si l’espoir fait vivre, il est certain qu’il fait aussi avancer. N’est-ce pas Damien ? « Il va y avoir du jeu jusqu’à la fin. Aujourd’hui, j’ai plutôt l’impression que ce sont les options Nord qui gagnent. En tous cas, c’est au moins le cas pour ceux qui sont devant. Nous ça devrait nous permettre de réduire notre écart sur le gros du peloton avant l’arrivée en Martinique. On garde cet espoir en tête. Ça nous motive bien. » Alors en attendant …croisons les doigts !

« Le re-départ de Lorient n’a pas été simple car nous avons traversé le Golfe de Gascogne dans des conditions compliquées. Le bateau s’est super bien comporté. Depuis, on fait du près et c’est ce qui nous chagrine le plus car nous n’avons pas réussi à passer dans l’option sud pour plusieurs raisons. D’une le chemin était beaucoup plus long et de deux, même si nous avions voulu y aller, je pense que l’anticyclone ne nous aurait pas laissé passer. Nous allons encore faire du près pendant au moins encore 36 heures avant de passer un front d’une grosse dépression et enfin pouvoir ouvrir les voiles et aller plus rapidement vers la Martinique. On s’habitue à faire du près même si ce n’est pas l’allure la plus confortable à bord. Le bateau va bien. Nous prenons soin de lui. Et quant à nous, nous avons réussi à nous reposer un peu car cela fait quand même presque une semaine que nous sommes en course. Nous avons dû gérer pas mal de choses au niveau mental, ce n’était pas simple. Maintenant nous sommes bien. Nous sommes raccord avec Laurent. Nous essayons de faire avancer le bateau. On regarde les petits copains dans l’option sud. Ils sont certainement en short et T-shirt en train de naviguer sous spi. Alors que nous, nous sommes encore en train de planter des pieux au près mais nous prenons ça avec philosophie. Et puis nous avons aussi quelques petits camarades devant nous que nous essayons de rattraper au fur et mesure. Il va y avoir du jeu jusqu’à la fin. Aujourd’hui, j’ai plutôt l’impression que ce sont les options Nord qui gagnent. En tous cas, c’est le cas pour ceux qui sont devant. Nous, ça va peut-être nous permettre de réduire notre écart sur le gros du peloton avant l’arrivée en Martinique. On garde cet espoir en tête. Ça nous motive bien. »

Damien Seguin, Skipper de l’IMOCA Groupe APICIL