Le retour à terre des skippers du Vendée Globe : un défi psychologique complexe

Pendant le Vendée Globe, Damien Seguin et l’IMOCA Groupe APICIL embarquent à bord des capteurs biométriques pour comprendre les changements physiologiques en mer, et dans le futur : développer des protocoles d’optimisation pour les skippers et créer un outil en temps réel pour les aider à prendre des décisions. Un travail mené avec la Clinique Du Ter à Lorient.

Concrètement, neuf indicateurs liés à la santé ont été sélectionnés en amont : la température corporelle, la fréquence cardiaque, la qualité du sommeil, l’oxygénation du sang, la tension artérielle, la perception du bruit, l’apport nutritionnel, le bilan hydrique et l’état de l’humeur.

« L’idée est que, grâce à des capteurs biométriques, on pourra mesurer des données transmises presque en direct à terre pour quantifier les ressentis. » Jean-Marc Le Gac médecin urgentiste à la clinique du Ter, à Lorient, qui contribue au projet.


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Par le Dr Jean Marc Le Gac B3S GHBS & Sport santé clinique du Ter Ploemeur

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Le Vendée Globe, cette course à la voile en solitaire autour du monde, est une épreuve extrême qui marque profondément ses participants. Le retour à terre après des mois en mer présente des défis uniques, tant sur le plan physique que psychologique. Examinons les impacts multiples de cette transition sur les skippers.

Réadaptation physiologique et physique

La réadaptation au rythme circadien est l’un des premiers obstacles. Après des mois de sommeil fractionné, les skippers peinent à retrouver un cycle de sommeil normal. Michel Desjoyeaux, double vainqueur de l’épreuve, a rapporté des difficultés à dormir plus de 20 minutes d’affilées pendant plusieurs semaines après son retour. Au niveau physique les skippers ont souvent une fonte musculaire des membres inférieurs , un peu comme les astronautes. La réadaptation à des aliments non lyophylisés est aussi un épreuve des fois délicate pour le tube digestif.

Enfin l’arrivée en période d’épidémie virale hivernale met à rude épreuve les défenses immunitaires des skippers isolés dans leur bulle durant trois mois.

La réadaptation sensorielle est également cruciale. Le passage d’un environnement extrêmement bruyant en mer à un cadre plus calme peut provoquer des troubles temporaires de l’équilibre et de l’audition. Quelques marins décrivent des réveils nocturnes intempestif croyant qu’ils sont encore en mer. Cela s’explique par le passage d’un état d’hyper vigilance à du repos de façon brutale.

Choc émotionnel et social

Le contraste entre l’isolement total en mer et l’attention médiatique intense au retour peut être déstabilisant. Armel Le Cléac’h, vainqueur en 2017, a évoqué un “vide émotionnel” après l’euphorie de l’arrivée.

Certains skippers, comme Yannick Bestaven en 2021, ont ressenti le besoin de s’isoler temporairement pour “décompresser” avant de reprendre une vie sociale normale.

Passer de skipper isolé à terrien avec des obligation conjugale, familiale, ou sociale est en soit une autre épreuve que la course.

Pression des sponsors et des médias

Au-delà des défis personnels, les skippers doivent faire face à une pression externe intense. Les sponsors, qui ont investis des sommes considérables, attendent des retombées médiatiques et un retour sur investissement. Cette pression peut être particulièrement difficile à gérer pour les skippers qui n’ont pas atteint leurs objectifs de classement.

Les médias, avides d’histoires et d’émotions, peuvent parfois être envahissants. Les skippers doivent jongler entre le besoin de repos et la nécessité de répondre aux sollicitations médiatiques, ce qui peut retarder leur processus de récupération.

La déception liée à un classement en deçà des attentes peut avoir des conséquences psychologiques importantes. Certains skippers peuvent ressentir une perte de confiance en eux ou une remise en question de leur carrière. Cette déception peut être amplifiée par la réaction des sponsors ou l’attention médiatique focalisée sur les vainqueurs.

Renoncement à l’expérience

Certains skippers choisissent de ne pas renouveler l’expérience du Vendée Globe, parfois en raison de ces défis du retour. Bien que les noms spécifiques ne soient pas mentionnés dans les sources fournies, il est connu que certains participants ont préféré se tourner vers d’autres défis nautiques ou prendre leur retraite de la compétition après avoir vécu l’intensité de cette course.

Mémo pratique pour gérer le retour

Pour aider les skippers, mais aussi toute personne confrontée à un retour après une expérience intense, voici quelques conseils pratiques :

  • Consultez des professionnels : Un suivi médical et psychologique peut être bénéfique.
  • Accordez-vous du temps : La réadaptation est un processus qui ne doit pas être précipité.
  • Établissez un plan de sommeil : Visez progressivement un rythme de sommeil régulier.
  • Limitez les stimulations : Réduisez l’exposition aux bruits forts et aux situations stressantes.
  • Pratiquez la méditation : Cela peut aider à gérer le stress et les émotions intenses.
  • Entourez-vous de proches : Le soutien émotionnel est crucial dans cette période.