LES FACTEURS HUMAINS : Un levier clé en médecine et en course au large !

Pendant le Vendée Globe, Damien Seguin et l’IMOCA Groupe APICIL embarquent à bord des capteurs biométriques pour comprendre les changements physiologiques en mer, et dans le futur : développer des protocoles d’optimisation pour les skippers et créer un outil en temps réel pour les aider à prendre des décisions. Un travail mené avec la Clinique Du Ter à Lorient.

Concrètement, neuf indicateurs liés à la santé ont été sélectionnés en amont : la température corporelle, la fréquence cardiaque, la qualité du sommeil, l’oxygénation du sang, la tension artérielle, la perception du bruit, l’apport nutritionnel, le bilan hydrique et l’état de l’humeur.

« L’idée est que, grâce à des capteurs biométriques, on pourra mesurer des données transmises presque en direct à terre pour quantifier les ressentis. » Jean-Marc Le Gac médecin urgentiste à la clinique du Ter, à Lorient, qui contribue au projet.


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Par Pascal Chapelain, Dr Jean Marc Le Gac B3S Bretagne sud Simulation Santé , GHBS Lorient  et sport santé Clinique du Terr Ploemeur

Les facteurs humains jouent un rôle déterminant dans la performance, que ce soit en médecine ou en mer. Au B3S, centre de simulation en santé du GHBS de Lorient, nous les explorons à travers des formations innovantes. Ces dernières s’adressent non seulement aux soignants, mais également aux marins, qui doivent se préparer aux défis des soins en pleine mer.

Nous avons eu l’opportunité de former plusieurs skippers du Vendée Globe, collaborant notamment à un suivi en temps réel des données biométriques de Damien Seguin, de son humeur, de la qualité de son sommeil, ainsi que de son hydratation et son alimentation. Cette approche unique établit un lien direct entre l’état de santé du skipper et sa performance. Bien que l’assistance médicale se limite à la télémédecine, ces données recueillies quotidiennement offrent des insights précieux, favorisant une meilleure conscience de soi pour des décisions stratégiques éclairées et une gestion optimale des risques.

La dimension émotionnelle : un défi au cœur de l’océan

Les skippers du Vendée Globe font face à des émotions intenses rarement rencontrées dans d’autres disciplines sportives : solitude, fatigue, stress, découragement… Ces défis nécessitent une résilience émotionnelle exceptionnelle et une aptitude à repérer les impacts des facteurs humains sur leurs performances.

Transformant les épreuves en opportunités, ces marins nous enseignent à maintenir le cap, même dans des conditions extrêmes, et à rester compétitifs jusqu’au bout.

Les biais cognitifs : alliés ou adversaires ?

Les biais cognitifs influencent profondément les décisions des skippers, souvent sous pression dans des conditions extrêmes. Voici quelques exemples marquants issus du Vendée Globe 2024-2025 :

Distorsion de la pensée et biais affectifs

La privation de sommeil peut altérer gravement la pensée. Comme l’explique Sébastien Marsset, skipper de l’IMOCA Foussier :

« Manquer de sommeil affecte profondément votre état émotionnel. Vous pouvez passer de l’euphorie à la déprime sans raison apparente. »

Ces fluctuations montrent à quel point les émotions influencent la perception et, potentiellement, les décisions.

Biais de négativité

Les erreurs sont exagérées, tandis que les réussites sont minimisées, ce qui peut affecter le moral et la prise de décision.

Biais de confirmation

Dans la préparation et la course, les skippers peuvent rechercher des données qui confirment leurs idées préconçues, ignorant des informations contraires pourtant cruciales.

Biais d’optimisme

Certains skippers surestiment leurs capacités ou sous-estiment les risques, souvent en raison d’un excès de confiance. Ce biais peut conduire à des choix hasardeux, comme sur-exploiter les capacités de leur bateau.

Effet tunnel, encore appelé « tunnellisation attentionnelle »

Une concentration excessive sur un détail peut nuire à une vision globale. Violette Dorange, par exemple, a volontairement ralenti son bateau pour éviter ce piège, une décision sage face à la pression.

Raisonnement émotionnel

Des émotions comme l’anxiété ou l’euphorie peuvent être interprétées comme des faits, conduisant à des décisions parfois irrationnelles.

En comprenant ces biais, les skippers peuvent les transformer en outils pour améliorer leur sécurité, leur performance et leur bien-être mental.

Des leçons pour la vie quotidienne, les enseignements du Vendée Globe s’appliquent aussi à notre quotidien :

  • – Renforcer notre résilience émotionnelle face aux défis,
  • – Améliorer la gestion du sommeil pour de meilleures décisions,
  • – Écouter notre corps pour prévenir le surmenage,
  • – S’adapter au changement, une qualité clé dans un monde en constante évolution,
  • – Exploiter les données disponibles pour des choix plus éclairés, tant au travail que dans notre vie personnelle.

Conclusion

L’analyse des facteurs humains dans des environnements extrêmes, comme le Vendée Globe, nous rappelle une vérité universelle : l’équilibre entre corps et esprit est essentiel pour atteindre des performances optimales, que ce soit en mer, en médecine, ou dans notre quotidien.