Quand un skipper et un apnéiste se rencontrent !

Rencontre au Sommet : Damien Seguin et Arthur Guerin Boeri

Hier, lors de la Guyader Bermudes 1000 Race, Damien recevait à bord du bateau Groupe APICIL, l’apnéiste Arthur Guerin Boeri, détenteur de six records du Monde et de cinq titres mondiaux. Il vient de parcourir récemment la distance jamais atteinte sous la glace :  105 mètres sans respirer et dans une eau glacée ! Arthur a embarqué pour disputer des runs de vitesse en rade de Brest. Une rencontre inédite qui a permis aux deux hommes de se découvrir, d’échanger sur leurs disciplines respectives et de constater que des synergies étaient possibles.

Respiration, acclimatation au froid, relâchement, tension … ont, entre autres, fait l’objet de leur conversation. Et une chose est certaine. Si les deux champions ont en commun l’eau comme terrain de jeu, la force mentale et la pression liées à la compétition, la pratique de leur sport respectif est à, bien des égards, très différente. Différente mais… complémentaire ! En attendant d’approfondir le sujet lors d’un prochain rendez-vous (Arthur a convié Damien à venir faire un baptême de plongée à Nice), les deux athlètes nous font part de leurs premières constatations et impressions.

« C’était très sympa. Les conditions étaient idéales. Nous avions de bonnes sensations de puissance sur le bateau. Nous nous sommes vraiment faits plaisir. C’était très agréable. Je pense qu’on a pas mal de choses à partager entre ce qu’Arthur peut vivre sous l’eau et moi sur l’eau. Nous sommes tous les deux amoureux de l’élément sur lequel nous passons pas mal de temps. C’est une belle rencontre et je suis ravi de cette journée. J’aime bien m’ouvrir à d’autres horizons, avoir d’autres idées. La voile de compétition est un sport assez complet et nous avons besoin d’experts dans leurs disciplines pour nous aider à progresser.
Dans son sport, Arthur travaille beaucoup sur la qualité de la respiration et sur ce que cela peut apporter en énergie et en termes de lâcher prise. Personnellement, ça m’intéresse beaucoup d’échanger avec lui sur ce sujet car il y a des moments sur le bateau où il faut que je sois en pleine énergie. Par exemple, quand je suis tout seul à bord et que je dois monter la grand-voile, c’est un effort assez violent donc il faut que je sois prêt physiquement à le faire et que mon corps et ma tête réagissent bien à ce moment-là. Et puis à contrario quand je dois me reposer à bord, c’est maximum une heure donc il faut que j’arrive à exploiter au mieux ma respiration pour me détendre un maximum. » 

– Damien 

« J’ai passé un super moment et je suis impressionné par ce que je viens de vivre : la vitesse, la gîte, les embruns, le travail d’équipe et la qualité du bateau. C’était très intéressant et très beau à voir et à vivre. Je pense qu’il y a beaucoup de complémentarité dans nos sports et que nous pouvons apprendre l’un de l’autre. En effet, en apnée, nous sommes vraiment dans la capacité de relâchement et ce malgré l’effort, la prise de risque, la difficulté. Alors que Damien sur son bateau, c’est complètement l’inverse. Il est dans la tension, l’attention et l’action. Tout est réglé au millimètre. Il faut faire attention au cap, au bateau, au vent. En conséquence, il y a une tension énorme. Ce sont deux sports complètement différents mais c’est certain que des passerelles peuvent exister sur la méthode notamment sur le relâchement, la respiration ou encore l’acclimatation au froid. J’ai travaillé ce dernier point ces deux dernières années parce que j’ai fait ce record sous glace mais ce n’est pas forcément quelque chose qui est lié à l’apnée. Mais je trouve qu’il y a un lien intéressant avec ce que peut vivre Damien sur un Vendée Globe. Il doit forcément appréhender le froid à certains moments. De la même manière, il m’a raconté qu’il était parfois amené à plonger sous son bateau pour aller enlever un filet ou autre qui nuit à sa performance. Et parfois avec 4000 mètres de fond. C’est une sensation que je n’ai jamais vécue. Pour moi, c’est un truc impressionnant sur lequel il doit y avoir énormément d’appréhension mais que j’aimerais vraiment bien vivre en tant qu’apnéiste. Je lui donne maintenant rendez-vous à Nice pour faire son baptême de plongée ».  

– Arthur