Alors qu’il a passé une majeure partie de son dimanche après-midi à s’arracher les cheveux dans la pétole et dans les grains (l’impression de revivre un second Pot au Noir comme il l’exprimait ce matin à la vacation), Damien Seguin a retrouvé des conditions de navigation un peu plus favorables. Désormais, c’est sur une mer assez plate et un vent de 13 à 15 nœuds qu’il continue sa progression vers le sud.
« Nous sommes toujours penchés mais c’est comme ça depuis le début de ce bord. »
Ce matin, le skipper de Groupe APICIL a aperçu un bout de terre en passant au large de l’île de Trinidad. Un moment magique qu’il nous raconte !
« C’est assez improbable de trouver un gros caillou comme ça au milieu de nulle part. J’ai vu l’île principale qui est assez haute et pointue. C’est le petit cadeau du matin même si je ne me suis pas arrêté chercher le pain ».
Bataille à trois
Côté compétition, Damien forme avec son collègue à dérives, Benjamin Dutreux (OMIA – Water Family) et le foiler, Giancarlo Pedote (Prysmian Group) un deuxième groupe de chasse à la poursuite des deux leaders. Tous trois se livrent une belle bataille à l’approche de l’anticyclone de Sainte-Hélène. Actuellement 12ème du classement et 3ème bateau à dérives, le Briançonnais tente de revenir sur son camarade des Sables d’Olonne, Benjamin Dutreux. Moins de 30 milles les séparent désormais et cette bataille est stimulante pour le skipper de Groupe APICIL.
« J’ai bien rattrapé Benjamin ces derniers jours. Du coup, nous sommes assez proches l’un de l’autre. Il va un peu plus vite mais il est un peu plus en dessous. C’est très sympa. On échange pas mal avec Giancarlo tous les trois. » confie le solitaire
Déviation obligatoire ou chemins de traverse ?
Prochain obstacle sur la route d’une partie de la flotte du Vendée Globe : Sainte-Hélène et ses hautes pressions. Un passage obligé mais qui risque de mettre à mal les nerfs des différents concurrents tant la situation s’annonce complexe. En effet, si les leaders essaient de se frayer un chemin entre les deux morceaux de l’anticyclone… Derrière, la route à prendre n’est pas évidente. Réflexion, concentration, étude des fichiers sont au programme. Une chose est certaine : l’adaptation risque d’être le maître mot à bord pour ces prochains jours comme le précise le skipper de Groupe APICIL.
« Il faut que je bosse encore sur les fichiers météo car il y a quelques routes de traverse qui existent mais la question que tout le monde se pose c’est : « sont-elles pérennes sur quelques jours ? » Le groupe juste devant nous passe actuellement des moments difficiles. Pour nous trois derrière ce n’est guère plus simple. Est-ce que l’on contourne complètement sud ou est-ce qu’on fait un peu d’est. Ce n’est vraiment pas simple. Il faudra surtout s’adapter aux conditions qu’on va avoir pour tirer notre épingle du jeu et naviguer le mieux possible. Ce qui est sûr c’est qu’on va mettre du temps à arriver à Bonne Espérance ! ».
A bord, le skipper de Groupe APICIL – parti depuis 15 jours maintenant – se sent bien. La solitude ne lui pèse pas. Certes, il y a des phases plus longues que d’autres mais le triple médaillé paralympique relativise et sait que cela fait aussi partie du jeu.
« La chaleur était assez difficile à supporter ces derniers jours. Je ne vais pas faire ma fine bouche mais il y a des moments où le bateau est rapide et ça mouille beaucoup dehors donc se retrouver à l’intérieur avec une chaleur de 30 degrés, c’est éprouvant. Il faut prendre son mal en patience, trouver des occupations. On ne peut pas prendre de douche toutes les cinq minutes. Le quotidien à bord consiste à gérer plein de petites situations comme cela qui ne sont pas toujours très agréables. Plus ça va, plus le temps passe vite sur le bateau. La première semaine, j’ai l’impression qu’elle a duré une éternité. La seconde est passée beaucoup plus rapidement. Cette semaine, il y a eu quelques petits moments où je me suis ennuyé sur le bateau parce que ce sont des grands bords longs. Il n’y a pas forcément besoin de régler le bateau toutes les cinq minutes et comme tout est matossé dans le bateau, tu n’as pas forcément envie d’aller fouiller dans tes sacs pour sortir un nouveau magazine ou quoi que ce soit. Ça va être comme ça pendant tout le trajet. Il faut savoir passer ces moments-là. »