Après un peu plus de 24 heures de course, Damien Seguin a le sourire ! D’abord parce que le skipper d’APICIL est tout simplement heureux en mer. Ensuite parce qu’il a joué aux avant-postes de ce Vendée Globe dès le coup de canon donné. En tête toute la journée d’hier, Damien fait désormais route bord à bord avec un bateau nouvelle génération, Corum mené par Nicolas Troussel. Partisan d’une route sud qui l’a fait longer le Dispositif de séparation de trafic (zone réservée à la navigation des cargos et interdite aux IMOCA) au large du Cap Finisterre par son Est, le premier skipper handisport du Vendée Globe semble très à l’aise sur son bateau d’ancienne génération.
Pourtant les conditions de la nuit dernière n’ont pas été simples. Il a fallu enchainer les manœuvres pour avancer vite dans des zones de vent faibles et veiller aux nombreux cargos présents dans les parages. Et puis, Damien n’a pas quitté des yeux les fichiers météo. La flotte va en effet devoir gérer le passage d’un deuxième front cette nuit avec du vent soutenu et une mer formée dont les vagues pourraient atteindre 4 à 5 mètres de hauteur. Les heures qui viennent s’annoncent stratégiques.
En effet, derrière le front, une dépression tropicale attend Damien et ses adversaires. Theta, c’est son nom, est en en formation vers les Açores et pourraient cueillir la flotte vendredi. Tout l’enjeu est donc de bien se positionner dès maintenant par rapport à cette dépression relativement creuse que Damien devrait approcher avec prudence. Déjà, ce soir, il a prévu de réduire la voilure pour ce passage de front dans lequel il pourrait rencontrer des vents de près de 40 nœuds.
Le skipper sait que la route est longue et il n’est pas question de prendre des risques pour le bateau au bout de 48 heures de mer. « Ce n’est pas là que le Vendée Globe se gagne mais c’est là qu’il peut se perdre » a expliqué avec sagesse Damien ce midi en direct lors de l’émission du Vendée Globe.
A cette occasion, il a aussi révélé qu’il avait attendu ce matin le lever du jour pour plonger sous la coque de son bateau. Le solitaire avait en effet pris dans la quille un orain, cordage qui sert généralement pour les casiers de pêche. Il a fallu arrêter le bateau, profiter d’une mer relativement calme pour se glisser sous Groupe APICIL et libérer la quille. Un récit glaçant expliqué pourtant avec détachement par Damien décidément bien installé dans sa course !
Damien Seguin au téléphone :
« La nuit n’a pas été simple. Il fallait naviguer en faisant attention aux pêcheurs, il y avait beaucoup de trafic, je n’ai pas beaucoup dormi. J’ai vu que le bateau ralentissait, ce n’était pas normal. Dès que le soleil est apparu j’ai vu que j’avais un gros filet dans la quille, alors j’ai mis les palmes et le masque pour aller couper tout ça au bout de la quille. Tout va mieux, c’est reparti. J’ai pas mal de copains qui sont juste derrière moi. Il y a Corum, Jean Le Cam mais aussi V and B. Ca fait du bien de voir des voiles. Forcément, ça fait plaisir d’avoir été en tête. Je porte un projet particulier autour de l’inclusion, de l’intégration et j’ai réussi à mettre mon bateau en tête du classement.
On s’en serait bien passé de ce front ce soir. Le début de course a été tonique et intense, on a beaucoup manœuvré. Ce n’est pas là que le Vendée Globe se gagne mais c’est là qu’il peut se perdre. Il faut savoir réduire la toile. »