La blessure d’hier est déjà presque oubliée par Damien revigoré par le flux soutenu qui lui a permis d’accumuler les milles cette nuit. Fou comme le moral des marins est directement connecté à l’orientation et à la force du vent !
Damien a alterné les changements de voiles et mis cap au sud-est au bon moment, ce qui l’a bien positionné sur le plan d’eau et lui a permis de parcourir 311 milles en 24 heures (classement de 5h ce matin). Une belle distance alors que les leaders se trainaient eux pour avancer vers l’est (seuls 28,5 milles parcourus pour Charlie Dalin dans la nuit).
Il faut dire qu’à l’heure de contourner l’anticyclone de Sainte-Hélène par l’ouest, le moindre souffle a son importance et bien l’exploiter en revêt encore davantage. Une forme de libération à l’issue de ce bord bâbord amure qui s’est étiré comme un jour sans fin…
« Un vrai chemin de croix cette descente de l’Atlantique sud ! » résume Damien.
Habituellement, c’est dans le Pot au Noir que les marins peuvent trouver le temps long et rêver d’un vent plus stable et d’actions. Cette fois, les phénomènes se sont inversés. La zone de convergence intertropicale a été d’une simplicité biblique à traverser alors que cette descente dans l’Atlantique sud était interminable et a mis les nerfs des solitaires à rude épreuve.
Alors que les premiers APIVIA et LinkedOut ont pris la poudre d’escampette en coupant l’anticyclone grâce à un minuscule couloir, Damien et ses plus proches adversaires n’ont d’autre choix que de contourner la bulle de hautes pressions par l’ouest.
Pas de raison donc de trop cogiter devant l’ordinateur, l’objectif des prochaines heures est de faire avancer vite le bateau. Pour l’heure, Damien a pris l’avantage du petit groupe composé de Benjamin Dutreux et Giancarlo Pedote (bateau à foils). Il a gagné une place et est 11e à 745 milles du leader APIVIA. Cela le réjouit, mais Damien a d’autres satisfactions. Le premier skipper handisport à participer au Vendée Globe navigue pour la première fois aussi sud. Il ne s’était encore jamais aventuré plus bas que la latitude de la ville d’Itajai, au Brésil, ville d’arrivée de sa Transat Jacques Vabre avec Yoann Richomme en 2013. « Je deviens sudiste ! » s’enthousiasme Damien.
Message de Damien :
« Je suis vraiment satisfait de la nuit. J’ai réussi à faire un peu ce que je voulais, à faire du sud. J’ai fait beaucoup de manœuvres cette nuit, changement de cap, de voiles et tout ça. Je pensais que ça aurait été plus cool la nuit mais finalement, les conditions avec les nuages m’ont obligé à être pas mal sur les manœuvres. Je suis un peu fatigué ce matin, mais je suis content de ma nuit. J’ai réussi à être rapide et ça c’est cool ! Je viens d’obliquer un peu à gauche, je vais faire plus de sud-est, c’est bien aussi, c’est une bonne chose. Je vais en profiter pour me reposer un peu du coup. Tout va bien ! Le temps se rafraichit petit à petit. On sent qu’on va rentrer bientôt dans un autre système. En tout cas, c’est cool d’être un peu plus sur la route qui va nous mener vers Bonne Espérance. Ça va nous faire du bien à la tête ! »